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Grâce aux beaux esprits de notre âge,
L’ennui nous gagne assez souvent ;
Mais deux Instituts, je le gage,
Lutteront dans l’âge suivant.
De se recruter à la ronde,
Tous deux trouveront le moyen.
            Ah ! pour un rien,
            Oui, pour un rien,
Nous laisserions finir le monde,
Si nos femmes le voulaient bien.

Nous aimons bien un peu la guerre,
Mais sans redouter le repos.
Nos fils, ne se reposant guère,
Batailleront à tout propos.
Seul prix d’une ardeur furibonde,
Un laurier sera tout leur bien.
            Ah ! pour un rien,
            Oui, pour un rien,
Nous laisserions finir le monde,
Si nos femmes le voulaient bien.

Nous sommes peu galants sans doute ;
Mais nos fils, d’excès en excès,
Égarant l’amour sur sa route,
Ne lui parleront plus français.
Ils traduiront, Dieu les confonde !
L’Art d’aimer en italien.
            Ah ! pour un rien,
            Oui, pour un rien,
Nous laisserions finir le monde,
Si nos femmes le voulaient bien.