Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 1.pdf/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

même envers les hommes que j’estime le plus[1].

Il en est un que mes lecteurs auront nommé d’abord : M. Laffitte. Peut-être ses instances eussent-elles fini par triompher de mes refus, si des malheurs, dont la France entière a gémi, n’étaient venus mettre un terme à l’infatigable générosité de ce grand et vertueux citoyen, le seul homme de notre temps qui ait su rendre la richesse populaire.

La révolution de Juillet a aussi voulu faire ma fortune ; je l’ai traitée comme une puissance qui peut avoir des caprices auxquels il faut être en mesure de résister. Tous ou presque tous mes amis ont passé au ministère : j’en ai même encore un ou deux qui restent suspendus à ce mât de cocagne. Je me plais à croire qu’ils y sont accrochés par la basque, malgré les efforts qu’ils font pour

  1. J’ai cependant reçu un service pécuniaire à cette époque. Lorsque j’étais à la Force, en 1829, une souscription fut ouverte pour payer mon amende et les frais de justice. Malgré tous les efforts de mes jeunes amis de la société Aide-toi, le Ciel t’aidera, la souscription ne fut pas remplie entièrement, grâce aux mêmes personnes qui avaient empêché la réélection de Manuel de 1824. Je n’ai point su quelle somme il manquait ; mais je n’ai pu ignorer que l’un de nos plus recommandables citoyens, M. Berard, chez qui la souscription était ouverte, m’acquitta envers le fisc. Ce service, au reste, doit me sembler de peu d’importance, comparé à ceux de tout genre que m’a rendus l’amitié de M. Berard.