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une insignifiante égratignure. Je quittai l’hôpital ce jour-là pour n’y plus revenir qu’en passant.

Jeudi, 8 octobre, comme je pédalais, — on pédalait alors beaucoup en Belgique, — à travers les rues désertes de la ville, me dirigeant vers le nord, j’entendis, au-dessus de ma tête, comme un formidable bourdonnement d’abeilles. C’était le sifflement d’innombrables projectiles lancés dans la direction du grand quartier général belge. C’est surtout vers ce but que les artilleurs allemands semblaient avoir pointé leurs canons.

Le grand quartier général belge était à l’hôtel Saint-Antoine, au Marché aux Souliers, dans une petite rue qui va de la place de Meir à la place Verte. Quand, le lendemain de la prise de la ville, j’y revenais sur une bicyclette, — je m’étais fait à ce mode rapide de locomotion, — pour constater de visu jusqu’à quel point la ville avait souffert du bombardement, quelle ne fut pas ma surprise de trouver l’hôtel Saint-Antoine absolument intact, tandis que tout le côté opposé de la rue était une masse de ruines fumantes. Vraisemblablement, les obus avaient frôlé le toit d’abord puis étaient allés faire explosion de l’autre côté de la rue.

La nuit du 8 au 9 octobre fut une nuit sinistre. Du haut du toit de la maison que nous habitions, à Capellen, toute la famille réunie observait le spectacle lugubre d’une grande ville qui périt dans les flammes.

De l’endroit où nous étions, il semblait que la