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MILLE ET UN JOURS

sous les murs de Paris, et fonda, à Versailles, au lendemain de la victoire, l’Empire germanique, 26 états avec le roi de Prusse comme empereur.

Elle était à l’apogée de la gloire. Bismark et Von Moltke, l’un politique et l’autre militaire, devenus demi-dieux par la conclusion d’un traité qui arrachait à la France deux provinces et cinq milliards d’indemnité s’imposaient à la vénération universelle du peuple allemand.

Le sens artistique et l’idéalisme qui avaient comme imprégné l’âme allemande, pendant des siècles, jusqu’à nos jours, et même, ce qui paraît un peu invraisemblable, avait persisté sous le règne de Frédéric II et de ses successeurs, firent place à cet esprit positiviste naissant et ultra-militariste.

Bismark avait dit : — « La force prime le droit. » — « On n’a de droits que ceux que la force autorise. »

Ces principes et ces maximes avaient fait leurs preuves d’une manière éclatante, en 1864, en 1866, en 1870.

Désormais, pour l’Empereur et son entourage, quelques centaines de mille officiers, la guerre devenait un élément, un agent, l’artisan principal de la grandeur nationale.

Cet esprit dominant chez les grands, il fallait le faire pénétrer dans la masse du peuple. La littérature, les sciences, les arts, furent mis à contribution dans ce travail d’éducation nouvelle ; et pardessus tout, l’école et la législation.