Page:Bégule - L’Abbaye de Fontenay et l’architecture cistercienne.pdf/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.
-( 49 )-

L’ENFERMERIE

Ph. L. B.
47. Porte de l’enfermerie.

La tradition, confirmée par des pièces d’archives, nous apprend que l’abbé de Fontenay pouvait exercer des droits de justice très étendus, aussi bien sur les habitants des terres dépendant de l’abbaye que sur les religieux et les frères convers qui devaient obéissance absolue à leurs supérieurs. Les jugements rendus par le cellérier, au nom de l’abbé, pouvaient aller jusqu’à la pendaison aux fourches patibulaires qui se trouvaient « à l’entrée des bois, sur la route de Châtillon, dans un champ qui est encore appelé la Justice[1] ». Il existe même dans les archives de l’abbaye de curieux débats entre le prévôt de Montbard et l’abbé de Fontenay au xvie siècle, au sujet d’un malheureux condamné à être pendu, qui aurait été exécuté sur les terrains du monastère.

L’emprisonnement punissait le plus souvent les serfs, les manants justiciables de l’abbé, ainsi que les religieux et convers indisciplinés[2].

Au sud, et perpendiculairement à la salle des novices et au dortoir, un corps de bâtiments, édifié en 1547 aux frais un religieux, porte le nom d’ « enfermerie » par euphémisme, comme l’indique une inscription gravée dans un cartouche de

  1. J.-B. Corbolin, ouvrage cité, p. 68.
  2. C’est à partir du xiiie siècle, que, en vertu d’une prescription du chapitre général de 1229, toute abbaye cistercienne fut tenue d’avoir une prison.