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la célébration des offices devenait fort difficile en dehors du chœur. Nous savons aussi par le cahier de la visite faite à Fontenay, en 1745, par l’abbé de Trois-fontaines, qu’à cette époque le réfectoire était dans un tel état de délabrement qu’il fallut le démolir pour prévenir son effondrement.

La Révolution consacra la ruine de Fontenay, qui fut vendu en octobre 1791 avec ses terres, bois et vignes et adjugé au prix de 78.000 francs au sieur Claude Hugot, de Précy-sous-Thil, qui transforma les bâtiments en papeterie. Les fermes, la bibliothèque, le mobilier, adjugés à vil prix, furent l’objet d’une vente spéciale. M. Hugot vendit Fontenay vers 1812 à M. Guérin, qui, en 1820, le revendit à son tour à M. Élie de Montgolfier, d’Annonay, qui exploita de nouveau les bâtiments de l’abbaye pour la fabrication du papier. Élie de Montgolfier céda la propriété à son gendre Marc Seguin, de l’Académie des Sciences, qui la remit à bail à Raymond et Laurent de Montgolfier, ses gendres, lesquels donnèrent une grande extension à la fabrication du papier, en créant trois nouvelles usines dans la vallée, à la Fontaine de l’Orme, la Châtaignère et Choiseau. Les fils de Raymond de Montgolfier, MM. Auguste et Henri de Montgolfier, succédèrent en 1873 à leur père dans la propriété et l’exploitation des manufactures de Fontenay, puis les apportèrent, en 1890, à une Société dénommée : « La Société anonyme des Papeteries de Montbard », dont ils furent les administrateurs délégués. Cette Société entra en liquidation volontaire en 1902 et, en octobre 1906, le possesseur actuel, M. Édouard Aynard, gendre de M. Raymond de Montgolfier, acquit la propriété de Fontenay, en vente amiable et publique.

Il est intéressant de constater que Fontenay n’a pas que des titres artistiques qui soient dignes de mémoire. C’est à la Fontaine de l’Orme, sur le domaine de Fontenay que se sont faits, en 1830, les premiers essais de pisciculture en Europe, par MM. Hyvert et Pilachon, renouant les traditions des moines. Et l’illustre Marc Seguin, l’inventeur des chemins de fer en France et des ponts suspendus, dont l’ample génie s’est produit en tant d’autres recherches ou formes scientifiques, et qui a résidé près de vingt-cinq ans à Fontenay, y a fait, de 1855 à 1860, les premières expériences d’aviation, qu’il a poursuivies ensuite à Annonay. Et ses petits-fils, Laurent et Louis Seguin, suivant les voies ouvertes par leur aïeul, ont à leur tour inventé le « Gnome », le meilleur des moteurs actuellement employés pour actionner les aéroplanes.

Pendant tout le xixe siècle, comme on l’a vu, Fontenay avait été transformé