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trois cents moines ou convers, tant dans le cloître que dans les métairies. Mais cette prospérité devait être bientôt troublée par la guerre de Cent ans et la Jacquerie. En 1359, les Anglais, sous la conduite d’Edouard IV, s’emparent de Flavigny, saccagent toutes les abbayes voisines et exigent une énorme rançon qui dut être payée par tous les évêques et les abbés de la région, en particulier par celui de Fontenay. « En 1361, le roi d’Angleterre répare le préjudice qu’il venait de causer à l’abbaye en lui donnant 40.000 moutons d’or destinés à la reconstruction de ses murs et à l’amélioration de son église[1]. »


4. Borne de séparation des domaines de l’abbaye[2].

5. Borne de séparation des domaines de l’abbaye[3].

Pendant les premières années du xve siècle, les bandes armées des « écorcheurs » et des routiers, réunies en « grandes compagnies » pour ravager et rançonner la Bourgogne, ne cessent d’attaquer le monastère.

L’abbé Nicolas (1378-1417) obtient du duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, le droit de construire autour de l’abbaye un mur d’enceinte pour la préserver de leurs incursions ; ce qui n’empêcha pas, de 1440 à 1459, les pillards de mettre l’abbaye à feu et à sang et d’incendier le grand dortoir.

Sous l’administration du vingt-neuvième abbé, Jean Frouard (1459-1493), Charles VIII prend Fontenay sous sa protection. La longue administration de Jean Frouard, d’une durée de trente-quatre ans, fut favorable à la prospérité du monastère que les souverains pontifes, les rois, les ducs, les seigneurs de la contrée dotèrent de nouveaux privilèges. D’année en année, les offrandes se multipliaient, les aumônes affluaient ; les richesses du monastère étaient immenses en propriétés, vignes, bois, rivières, droits de pêche et redevances. Les religieux devenaient si nombreux que l’abbaye dut créer de nombreuses succursales et dépendances qui prirent le nom de Petits-Fontenay.

Avec le xvie siècle commence l’ère de décadence matérielle et morale de

  1. Corbolin, ouvrage cité, p. 175.
  2. Elle existe encore au lieu dit « La Roche-Percée », séparant le territoire de Marmagne, dont l’abbaye fait partie, de celui de Montbard.
  3. Elle se trouvait naguère au bord des champs de la « Croix-Prieure », situés sur le plateau septentrional, du côté de Marmagne.