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et dangereuse par les dispositions de la plupart des hommes qui la soutenaient, la raison, dans l’âme passionnée d’un grand nombre de ses partisans, devenait également violente et dangereuse.

Voltaire, à cette époque, fut le chef principal des défenseurs de la raison et des agresseurs du fanatisme. Son esprit, ses liaisons brillantes, ses engagemens envers la philosophie, sa renommée déjà éclatante et méritée, lui donnaient une force majeure, et faisaient naturellement, de cette force, un point de réunion. Son caractère vif, entreprenant et mobile, lui fournissait l’amour-propre et le zèle nécessaires à un chef de parti. Ses défauts même concouraient à lui donner, en faveur de ce rôle, de très-grands avantages. Très-susceptible de mouvemens multipliés, courts et rapides, mais incapable d’une chaleur profonde et soutenue, il ne se laissait point emporter par l’audace et l’enthousiasme ; mais il pouvait diriger avec adresse, et aiguillonner avec vivacité les hommes, les femmes, les jeunes gens capables de s’enthousiasmer. Se possédant toujours, et connaissant très-bien les ressorts qui mettent en jeu les passions humaines ; né pour séduire, mais non pour