Page:Azaïs - Jugement philosophique sur J.J. Rousseau et sur Voltaire.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.


VOLTAIRE




L’esprit doit être distingué du génie. Celui-ci, résultat d’une mesure juste et égale entre les hautes facultés, donne la puissance de concevoir les rapports étendus qui unissent entre elles les choses grandes et importantes. L’homme de génie a pour caractère d’être à la fois grave et sensible, noble et ardent, fécond et simple, constant et animé. Descartes et Newton, Rousseau et Montesquieu, Corneille et Bossuet furent des hommes de génie.

L’esprit, tel qu’il existe dans l’homme spirituel, dans l’homme aimable et judicieux, vif et léger, ingénieux et mobile, l’esprit est le don de concevoir avec clarté, avec facilité, les rapports délicats qui unissent entre elles les choses peu étendues.

Le génie, qu’une forte imagination accompagne toujours, est sujet à dépasser le terme vers lequel il s’élance, parce qu’il a ordinairement trop d’énergie pour pouvoir aisément s’arrêter. L’esprit, lorsqu’il se maintient dans sa sphère, est presque toujours accompagné de la raison, parce que la raison consiste à