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Mémoires ne parussent que long-temps après sa mort. Il remplit ce dernier devoir ; mais il ne remplit point assez rigoureusement le premier : voilà ce que l’on peut réellement lui reprocher. La précaution même qu’il prit, dans la seconde partie de ses Mémoires, de n’employer que des lettres initiales, était loin de suffire ; il fallait des lettres initiales qui ne fussent point celles des noms véritables, ou bien, à l’imitation de la Bruyère, à qui l’on n’a jamais reproché ses portraits, il fallait inventer des noms qui n’eussent aucun rapport avec ceux dont ils auraient pris la place. À cette condition, et si les dépositaires de ses volontés eussent attendu le temps qu’il avait fixé pour la publication de ses Mémoires, cette publication n’aurait entraîné aucune des réclamations qui se sont justement élevées. Un jour, lorsque toutes les personnes qu’il a désignées auront disparu depuis long-temps, ses Confessions rempliront généralement leur objet ; elles feront admirer ses talens, aimer son caractère, honorer sa mémoire, et plaindre son infortune.

On ne peut se défendre d’être vivement attendri, ou même déchiré, lorsque l’on voit cet homme, si extraordinaire par son âme et