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ordre de choses qui, s’il était praticable entraînerait d’autres maux en même temps que d’autres biens. Oubliant en lui-même ou s’efforçant de ne tenir aucun compte de ses talens immenses, ne songeant pas que ces talens, le plaisir de les employer, celui de frapper, de charmer, d’entraîner par l’usage éclatant qu’il sait en faire, sont des fruits très-importans, très-avantageux, de la civilisation, des arts, des sciences, des progrès de l’esprit humain, J.-J. Rousseau veut nous ramener aux temps où ces talens, ces plaisirs, ces liens n’existent pas encore, où l’homme, semblable au noyau que la nature destine à se développer et à grandir, n’est encore qu’un être presque inorganisé, dur, âpre, revêtu d’une écorce grossière, obligé de séjourner quelque temps dans le sein de la terre avant devancer une tige, de la fortifier, de l’étendre, de l’environner de branches, de rameaux, de feuilles, de fleurs et de fruits ; et parce que, sur cet arbre de la société humaine, des êtres, que nous nommons malfaisans trouvent une abondante nourriture ; parce que ses fruits, d’autant plus nombreux que l’arbre.a plus de vigueur, se gênent, se gâtent et tombent ; parce qu’enfin la foudre le frappe, et que les vents le déracinent, tandis