Page:Aymar de Saint-Saud - Armorial des prélats français du XIXe siècle (1906).djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ARCHEVÊQUES, ÉVÊQUES
27
II. ARCHEVÊQUES ET ÉVÊQUES

Après une information canonique, le Saint-Père assigne un siège à l'archevêque ou à l’évêque qu’il juge digne de son choix, soit en consistoire, et c’est ce qu’on appelle préconisation, soit par bref ou par bulle, — le prélat ainsi nommé est alors ce qu’on appelle élu, son nom sera connu dans le consistoire suivant, où le Pape déclarera la provision faite à telle ou telle église ; c’est aussi une préconisation. Il serait mieux toutefois de dire publié que préconisé.

Dans l’un et l’autre cas le prêtre devient immédiatement prélat ; moins la croix pectorale il en porte le costume, avec glands verts au bas de sa ceinture, suivant l’usage français. Il peut d’ores et déjà prendre des armoiries, et c’est là la raison de l’insertion de quelques-unes d’entre elles dans notre ouvrage, bien qu’émanant d’un évêque non encore sacré. Dès ce moment-là, cet évêque élu peut occuper, par lui-même ou par procureur, son évêché. Quand ses bulles sont arrivées et, pour la France sous la loi concordataire, ont été entérinées et acceptées par le gouvernement, il est procédé à son sacre. Pour cette cérémonie, par exception, un seul évêque consécrateur, assisté de deux prêtres, suffit. La règle est que les assistants soient également évêques.

L’expédition des bulles doit suivre le consistoire. Il n’en est pas de même quand l’évêque est nommé (élu) par bref, le bref précède alors le consistoire. Telle est l'explication de la date de sacres d’évêques antérieure à celle de leur préconisation ou publication.

L'intronisation est la prise de possession canonique de son siège par l’évêque consacré ; dans cette cérémonie, il s’asseoit sur le trône cathédral de son église épiscopale.

En France, sous le régime du Concordat, le choix du Pape ne peut se porter, pour les évêques résidentiefs, que sur un sujetprésentéparlegouvernement, dont la nomination (expression forcée et inexacte, présentation serait plus exact) insérée au Journal officiel, ne confère aucun droit. Cette règle fut cause de graves conflits entre Rome et le gouvernement français, quand le Pape ne voulait pas se laisser forcer la main, ainsi que cela se passa pour l’évêché d’Agen, où l’abbé Gérin, nommé en 1867, ne fut pas agréé par Rome ; pour celui de Tournay, où l’abbé Saint-Médard, nommé par Napoléon, se rendit en 1813, malgré le chapitre de cette ville, qu’il quitta assez piteusement l’année suivante non sans emporter la chapelle de son prédécesseur ; pour Paris resté bien des années sans archevêque, le cardinal Maury, nommé à ce siège, n’ayant jamais reçu ses bulles ; pour Poitiers avec l’abbé de Saint Sauveur, etc.

Un évêque est transféré quand le Pape, « l’absolvant du lien qui l’unissait à l’Eglise qui lui était confiée, lui donne l’administration ou le titre d’un autre siège. Il est au contraire promu, quand il passe à un siège d’un grade hiérarchique supérieur à celui qu’il quitte »[1]. C’est le cas de l'évêque promu

  1. Annuaire pontifical de 1898, p, 79.