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SCEAUX
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ses Recherches du Blason, parues au milieu du XVIIe siècle : « On peut tirer de grands secours des sceaux plus que de tous autres monuments, parce qu’ils sont attachés à des actes authentiques. »

Le sceau authentiquait l’acte ; et, comme beaucoup de pièces du moyen âge, même concernant des laïques, émanaient de l’autorité ecclésiastique, il est naturel que celle-ci en ait fait un usage constant. La formule actuelle des mandements épiscopaux : « donné sous notre seing, le sceau de nos armes », prouve qu’il n’y a rien de changé depuis cette époque reculée.

Les petites pierres, gravées avec art, qu’on admire dans les musées, ne sont autres que des sceaux de l’époque romaine, et, comme le moyen âge est le continuateur des traditions antiques, l’application du sceau de l’official, d’un témoin, etc., remplaçait leur signature. Dans ses épîtres 339 et 359, saint Bernard s’excuse de ne pas les avoir scellées, n’ayant pas, dit-il, son sceau sous la main. L’application du sceau avait en effet alors une importance capitale, dont on ne se doute pas de nos jours.

Ordonné par divers conciles, le sceau épiscopal se montre dès le IXe siècle ; même avant, à en croire Fleury, rappelant qu’au Concile de Tolède, en 694, le baptistère fut scellé du sceau de l’évêque[1]. À ces époques-là, et pendant les siècles suivants, le sceau ecclésiastique représentait tantôt un saint (le patron du prélat ou du diocèse), tantôt un évêque à genoux ou assis souvent bénissant. La légende variait.

Quant aux armoiries, on ne sait pas à quelle époque précise elles remontent. Il est généralement admis qu’elles ne sont pas, antérieures à la fin du XIe siècle. Peu à peu, assez vite même, l’usage de faire graver son écusson sur son sceau devint général pour quiconque avait le droit ou le devoir d’en posséder un. Les évêques et les Abbés furent cependant des derniers à s’y conformer. Mgr Battandier, dans son Annuaire pontifical de 1902 fixe comme date le milieu du XIIIe siècle. À Périgueux, à Angoulême, à Langres, à Auch, ce ne fut qu’au début du XIVe.

Les emblèmes des sceaux sont devenus des emblèmes héraldiques, ou, pour mieux dire, les dignitaires de l’Église ont été amenés à placer dans leur sceau leurs armoiries, avec ou sans autres figures. Toutefois, l’empreinte d’un simple écusson a pu, peut et pourra sceller ou authentiquer les actes émanant d’un prélat.

En ces derniers siècles, plusieurs d’entre eux n’ont pas de sceau à proprement parler ; d’autres se servent d’un sceau absolument différent du cachet à leurs armes, soit sans leur écusson (v. g. Mgr Besson, à Nîmes), soit avec l’écusson occupant une place infime (v. g. Mgr Nanquette, évêque du Mans).

Pour les sceaux dont nous avons eu connaissance, nous nous bornerons à les indiquer, sans toutefois les décrire d’une façon complète, ce qui nous eût entraîné trop loin. Nous en avons reproduit quelques-uns parmi les plus intéressants.

  1. Histoire Ecclésiastique I, XL, 125, citation de M. Tausin dans son excellente préface de l’Armorial des Cardinaux, etc., 2e édit. p. 25.