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droit eſt ou vouté, ou il ne forme ſeulement qu’une grande ſalle au rez de chauſſée. On y laiſſe le grain en tas & en mottes pendant vingt-quatre heures, après lequel tems on étend les mottes qu’on réduit de huit à neuf pouces d’épaiſſeur. Le grain reſte en cet état dans le Germoir, juſques à ce qu’il ait pouſſé un germe convenable ; & alors on le tire de là pour le porter dans la touraille.

De la Touraille. C’eſt ici une des pieces principales d’une Braſſerie. C’eſt l’endroit où eſt le fourneau, & la conſtruction de cet endroit demande la plus grande attention. Sa forme, à ſa partie ſupérieure, eſt une pyramide équilatérale creuſe, dont le ſommet eſt tronqué, & la baſe en haut. Le corps ou les faces ſont compoſés de pieces de bois aſſemblées, & revêtues en dedans d’une maçonnerie de brique faite ſur un lattis, tel que celui des plafonds. Et pour préſerver les bois d’une incendie preſqu’inévitable, la maçonnerie de brique eſt enduite de bonnes couches de plâtre. Du germoir, on porte le grain ſur le plancher de la Touraille, où on l’étend en forme de couche de cinq à ſix pouces d’épaiſſeur, & on allume le fourneau pour faire ſortir l’humidité du grain.

Le mot de Braſſerie vient du terme qui exprime l’action de l’ouvrage pour lequel ce bâtiment eſt deſtiné : c’eſt Braſſer ; faire à force de bras.

BRAYERS. Voyez Cables.

BRAYETTE. Voyez Tore corrompu.

BRECHE, ſ. f. Ouverture provenue à un mur par violence, malfaçon ou caducité, Ce mot vient de l’Allemand Brechen, qui ſignifie rompre.

Breche. Voyez Marbre de Breche.

BRETELER, v. act. C’eſt dreſſer le parement d’une pierre, ou regratter un mur avec un outil à dents, comme la laye, le rifflard, la ripe, &c.

BRINS DE FOUGERE. Voyez Pan de bois.

BRIQUE, ſ. f. Sorte de pierre factice de couleur rougeâtre, compoſée d’une terre graſſe pétrie, miſe en quarré long dans un moule de bois, & cuite au four, où elle acquiert de la dureté. Cette pierre ſe fabrique ainſi : on choiſit de la terre graſſe & fine, ſans pierres ni petits cailloux, dans laquelle on mêle du ſablon fin. On pétrit bien cette terre, & afin de la mieux lier, on y mêle ordinairement de la bourre & du poil de bœuf. Cette pâte faite, on la jette dans des moules, qui ſont des cadres de bois de la même dimenſion que celle qu’on veut donner à la Brique. On la laiſſe ainſi au ſoleil, dans un tems d’automne ou de printems ; & quand elle eſt à demi ſeche, on la taille, c’eſt-à-dire on enleve avec un couteau tout ce qui nuiroit à la régularité de la figure. Il ne reſte plus qu’à faire cuire la Brique dans un four, & elle eſt faite.

On ſe ſert de la Brique, tant pour conſtruire le dedans des murs qui doivent être incruſtés de pierre ou de marbre, qu’au dehors de ceux dont elle fait le parement des panneaux. On en couvre auſſi les planchers. (Voyez Carreau de plancher.)

Autrefois l’uſage de la Brique étoit plus étendu. Les premiers édifices de l’Aſie, à en juger par les ruines, étoient de Briques ſechées au ſoleil, ou cuites au feu, mêlées de roſeaux hachés, & cimentés de bitume. L’Ecriture ſainte nous apprend encore que la ville de Babylone fut bâtie de Briques par Nemrod. Nous ſçavons d’ailleurs que les murs dont Semiramis la fit enclorre, qui font la troiſiéme merveille du monde, ne furent bâtis que de ces matériaux. Fiſcher, dans ſon Eſſai d’Architect. hiſtor. Planche III. a décrit ces murs, & les a repréſentés dans une belle Planche. Et Tavernier, dans ſon Voyage du Levant, liv. II. ch. 7. nous a inſtruit de l’état du reſte de ces murs. Voici comme il s’exprime : « A l’endroit de la ſéparation du Tigre, nous vîmes, dit-il, comme l’enceinte d’une grande Ville... Il y a des reſtes de murailles ſi larges, qu’il y pourroit paſſer ſix carroſſes de front : elles ſont de Briques cuites au feu. Chaque Brique eſt de ſix pouces en quarré ſur trois pouces d’épaiſſeur. »

Il reſte encore dans l’Arménie, dans la Géorgie & dans la Perſe, pluſieurs anciens édifices bâtis de Briques. A Tauris,