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BAI — BAJ

din particulier, attenant cet appartement, afin que les perſonnes qui prennent le Bain pour cauſe d’indiſpoſition, puiſſent y faire de l’exercice ſans être vûes. On décore les bains avec des lambris, des peintures, des dorures & des glaces. On pave de marbre l’endroit où eſt la baignoire, & on lambriſſe le reſte du mur avec des carreaux de fayence. On peint ordinairement le plafond ſur un fond blanc ; & cette peinture comporte toutes les compoſitions groteſques, tels que les ornemens Arabeſques, les plantes Chinoiſes, les Magots, &c.

Ce ſont ici des Bains particuliers : il y en a auſſi de publics ; mais ces ſortes d’endroits ne ſont gueres deſtinés que pour le peuple. Ils font formés de grands bateaux, ſitués au milieu d’une rivière, faits de ſapin, & couverts d’une groſſe toile. Autour de ces bateaux appellés Touës, il y a de petites échelles attachées par des cordes, pour deſcendre dans un endroit de la rivière, où l’on trouve des pieux enfoncés d’eſpace en eſpace, qui ſoutiennent ceux qui prennent le Bain.

Les Bains publics n’étoient point autrefois ſi négligés. Les Anciens les regardoient comme des lieux d’importance ; & les plus fameux perſonnages depuis Mécene, à qui l’invention en eſt dûe, Néron, Veſpaſien, Tite, Domitien, Sévere, Gordien, Aurélien, Dioclétien, &c preſque tous les Empereurs qui vouloient gagner le cœur de leurs ſujets, ſacrifierent aux Bains publics le marbre le plus précieux, & y employèrent la plus belle Architecture. Ils venoient même s’y baigner avec le peuple. Ils en avoient fixé l’entrée à un très bas prix, pour que tout le monde pût profiter de cette commodité. Dans les réjouiſſances publiques, les Bains étoient gratuits ; & dans cette confuſion de perſonnes de l’un & l’autre ſexe, l’ordre étoit ſi bien réglé, que tout s’y paſſoit avec décence. Les deux ſexes étoient ſéparés. Les gens qui ſervoient dans chaque Bain, étoient du ſexe auquel le Bain étoit deſtiné. Enfin la pudeur y étoit obſervée juſques à ce ſcrupule, que les enfans pubères ne ſe baignoient jamais avec leur pere, ni les gendres avec leurs beaux-peres. Véritablement ce bon ordre ne dura pas longtems ; & les Bains devinrent dans la ſuite des lieux de volupté & de débauche. Nous ne nous arrêterons point ici à cet écart des Anciens ; ce n’eſt point là une tâche que nous ayons à remplir : mais nous allons faire connoître en peu de mots ces bâtimens publics des Anciens.

C’étoient de grands édifices qui avoient pluſieurs cours & pluſieurs appartemens, dont les principales pieces étoient les ſalles du Bain, l’une pour les hommes, l’autre pour les femmes. Il y avoit au milieu de chaque ſalle un grand baſſin entouré de ſiéges & de portiques ; & à côté du Bain étoient des cuves d’où l’on tiroit de l’eau froide & de l’eau chaude pour compoſer la tiéde. Ces Bains étoient éclairés par en haut. Près de leurs ſalles il y avoit des étuves pour faire ſuer. (Voyez l’Architecture de Vitruve, liv. v. ch. 10.)

Les plus magnifiques Bains dont il reſte des fragmens, ſont ceux de Titus, de Paul Emile, & ceux de Dioclétien, où eſt à préſent le Monaſtere des Peres Chartreux à Rome, lequel eſt encore appelle Termini du nom Thermes, que les Romains donnoient à ces ſortes de Bains, & qu’ils avoient emprunté du grec Therme, qui ſignifie chaleur. Publius Victor, dans ſa Topographie de Rome, rapporte qu’il y avoir dans cette ville 856 Bains, tant publics que particuliers.

Ces Bains qu’on appelle artificiels, pour les diſtinguer d’autres Bains que nous allons définir, ces Bains, dis-je, ſont aujourd’hui fort en uſage chez les Levantins qui y deſtinent la partie la plus conſidérable de leur logement. Ils en ont auſſi de publics comme les Anciens.

Bains naturels. Ce ſont auprès des ſources d’eaux médicinales & minérales des bâtimens qui renferment des baſſins pour ſe baigner, comme les Bains de Pouzzoles & de Bayes dans le royaume de Naples, & ceux de Bourbon & de Vichi, &c. en France.

BAJOYERS, ſ. f. pl. Terme d’Architecture Hydraulique. Ce ſont les aîles de Maçonnerie qui revêtiſſent la chambre d’une