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ſe multiplient d’autant plus ſur une roue, qu’elles ſont moins larges. C’eſt ſur ce principe que M. Picot a calculé la Table ſuivante, où l’on voit le nombre des Aubes, relativement à leur largeur, exprimé par les parties du rayon de la roue où elles doivent être attachées.

TABLE du nombre des Aubes qu’on doit attacher à une roue, leur largeur étant donnée & exprimée en parties du rayon de la roue, qu’on ſuppoſe de 1000 parties.

Largeur
des Aubes.
Nombre
des Aubes.
1000

. . . . . . .

4
691

. . . . . . .

5
500

. . . . . . .

6
377

. . . . . . .

7
293

. . . . . . .

8
234

. . . . . . .

9
191

. . . . . . .

10
159

. . . . . . .

11
134

. . . . . . .

12
114

. . . . . . .

13
99

. . . . . . .

14
86

. . . . . . .

15
76

. . . . . . .

16
67

. . . . . . .

17
61

. . . . . . .

18
54

. . . . . . .

19
49

. . . . . . .

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Après une pareille diſpoſition, on penſeroit volontiers qu’une roue doit être mûe avec la plus grande vîteſſe poſſible, & ſur-tout qu’elle doit l’être uniformément. La première queſtion, qui paroît réſolue par les ſituations reſpectives bien déterminées des Aubes, ne l’eſt cependant point du tout. A l’égard de la vîteſſe uniforme, il ſemble qu’elle doit avoir lieu, dès que la roue a acquis tout le mouvement d’accélération qu’elle peut recevoir. En effet, dès que la première Aube eſt plongée entierement dans l’eau, elle reçoit le plus grand choc qu’elle peut recevoir de la part du courant. Elle quitte alors cette ſituation avantageuſe ; & comme elle ſe dérobe à l’impulſion, cette impulſion devient toujours moindre, & cela en raiſon des ſinus des angles d’incidence. Mais ſi la première Aube n’a plus la même force pour faire tourner la roue, cette diminution eſt juſtement compenſée par la ſeconde Aube qui ſe plonge dans l’eau, & dont la force s’accélère juſques à ſa ſituation verticale, en même proportion que la force de la première Aube diminue. Cela eſt bien évident. L’angle d’incidence de l’eau ſur celle-là augmente, comme il diminue ſur celle-ci, & tout ſe trouve compenſé. Il y a plus : N’eſt-il pas démontré qu’une machine mûe par le choc d’un fluide, accélère ſa vîteſſe juſques a un certain point, paſſé lequel l’impulſion n’agit plus que pour conſerver cette même vîteſſe, qui devient alors uniforme ?

Nous pourrions entrer dans un examen plus rigoureux. Mais ce raiſonnement doit ſuffire pour perſuader les perſonnes qui ſont peu verſées dans les Mathématiques, & ſervir de guide à celles qui peuvent y appliquer des démonſtrations. Reprenons donc la première queſtion, c’eſt-à-dire celle qui regarde la ſituation la plus avantageuſe des Aubes pour que la vîteſſe de leur roue ſoit la plus grande qu’il ſoit poſſible.

On a déjà remarque que l’Aube ne reçoit la plus grande impulſion que quand elle eſt perpendiculaire au fil de l’eau. Ce point paſſé, l’effort qu’elle reçoit diminue, & l’Aube n’eſt plus ſituée avantageuſement. Or on a dit : N’y auroit-il point une ſituation telle que l’impulſion de l’eau ſur l’Aube fût toujours conſtante ? En négligeant l’avantage de la ſituation verticale, ne gagneroit-on pas en faiſant faire à l’Aube un angle moins grand que 90 degrés avec le courant, mais qui étant toujours le même produisît un effort conſtant ; enſorte que la ſomme des chocs ſur l’Aube, pendant ſon enfoncement dans l’eau, ſurpaſſât alors la ſomme des efforts dans cette autre ſituation de l’Aube, qui produiroit une impulſion perpendiculaire ? Ces queſtions ont fourni une obſervation utile : C’eſt que les aîles d’un moulin à vent ne ſont point ſituées perpendiculairement à la direction du cou-