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Palladio, Vignole, Scamozzi, Manſard, &c. (Voyez les noms des plus célèbres Architectes dans la Table alphabétique du Cours d’Architecture de d’Aviler, édition de 1750.)

Le mot Architecte vient de deux mots grecs : Archos qui ſignifie Prince, Maître, & Tecton, Ouvrier.

ARCHITECTURE, ſ. f. L’Art de bâtir. Cette définition eſt peut-être trop générale. Pour la rapporter à notre objet, qui eſt l’Architecture civile, définiſſons l’Architecture, l’Art de conſtruire les. édifices d’habitation & de magnificence. Les premiers doivent être ſains par leur bonne ſituation & leur belle expoſition ; ſolides, par leur bonne conſtruction ; commodes, par la proportion, l’uſage & le dégagement des piéces qui les compoſent ; & agréables, par la ſymmétrie & le rapport des parties au tout, & du tout aux parties. A l’égard des habitations de magnificence, on doit les décorer conformément à leur uſage. (Voyez Décoration.) Nous traiterons deux de ces parties dans cet article, parce qu’elles lui conviennent particulierement ; ce ſont la ſituation & la beauté d’un édifice. Celles qui ont pour objet la ſolidité & la diſtribution, ou la commodité, font le ſujet de pluſieurs articles relatifs aux différentes parties d’un bâtiment, qui demandent, tant pour la ſolidité que pour la diſtribution, des attentions ſingulieres. (Voyez Fondement, Ais, Charpenterie, Voute, Plancher, &c. & Appartement.)

Le choix du lieu où l’on doit bâtir, lorſqu’on eſt maître de ce choix, doit être ſoumis aux régles ſuivantes. 1°. Quoique la proximité des rivières ſoit quelque choſe de très-agréable, cependant elles ſont ordinairement un mauvais voiſinage, à cauſe des inondations qui cauſent ſouvent de grands dommages, & qui détruiſent les fondemens d’un édifice. Il faut auſſi éviter les vallons où regnent continuellement des vents impétueux, qui ne changent preſque jamais, & qui par là deviennent très-incommodes. Les lieux marécageux, où croupit une eau corrompue, qui infeſte l’air, ſont des endroits encore plus dangereux que les vallons. Quoique charmans par leur beau point de vue, les ſommets des montagnes ne ſont pas des lieux propres à bâtir, parce qu’on n’y trouve ni eau, ni un bon terrein pour y faire des jardins qui réuniſſent l’agérable & l’utile. Mais un lieu où il y a de bonnes eaux, ou des moyens aiſés d’y en amener, où l’air circule continuellement, ſans y former un vent ſenſible dans les temps ordinaires, & où le terrein n’eſt ni pierreux, ni ſabloneux ; ce lieu, dis-je, eſt celui qu’on doit choiſir, & dans lequel on peut avec ſûreté élever un édifice. Les Anciens ne bâtiſſoient jamais dans tout autre endroit. Ils faiſoient plus encore : ils s’informoient ſi les hommes qui habitoient les contrées où ils vouloient bâtir, ſe portoient bien ; s’ils avoient bonne couleur ; s’ils n’étoient point ſujets à la goutte ou à la gravelle ; s’il y avoit beaucoup de vieillards parmi eux. Ils faiſoient même ouvrir des moutons & des bœufs, pour examiner leur foie & leurs entrailles, & juger par là du bon & du mauvais effet des pâturages.

Après le choix du lieu, on diſpoſe le bâtiment, & on en diſtribue les piéces de maniere qu’elles ſoient expoſées au vent qui peut leur convenir principalement. En général telle eſt la qualité des vents. Le vent du ſud eſt chaud & humide, celui du nord eſt ſec & froid, le vent d’eſt eſt chaud & ſec, & celui de l’oueſt eſt froid & humide ; & les vents intermédiaires, tels que le nord-eſt, ſud-eſt, participent des deux vents au milieu deſquels ils ſe trouvent. Ainſi les parties d’un bâtiment ouvert au nord-eſt ſeront toujours fraîches l’été. Celles qui ſeront expoſèes au ſud-eſt, ſeront chaudes l’hiver, & par conſéquent fort propres à faire des chambres à coucher d’hiver, des bains, des cuiſines & des écuries. Les parties d’un bâtiment ouvert au nord, ſe deſtineront à des galeries, des cabinets d’été, ſallons, ſalles à tableaux (parce que le ciel de ce côté eſt plus ſerein que dans aucune autre expoſition) des remiſes, par la même raiſon (à cauſe de la peinture & dorure des carroſſes) gardes-mangers, greniers & celliers, où toutes les choſes néceſſaires

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