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DISCOURS PRELIMINAIRE

Dictionnaire eſt déja une production bien eſtimable ; mais que ſera-t-elle, ſi à cette définition on joint l’explication de ces matières, leur uſage & leur utilité ? Il ne faudroit point penſer que ce ſoit ici une addition purement arbitraire. Dans les ſciences, il eſt des cas où une définition, quelque juſte qu’elle ſoit, ne donne qu’une idée imparfaite du défini : on eſt alors obligé d’entrer dans des détails qui puiſſent y ſuppléer ; & ces détails conſiſtent en une explication raiſonnée.

A ces choſes néceſſaires, il eſt permis d’en ajouter d’autres : ce ſont les penſées des ſçavans ſur le ſujet de l’article, & l’hiſtoire de ce ſujet. Nous convenons volontiers que ceci n’eſt point eſſentiel ; qu’il faut être même très-ſobre là-deſſus, & qu’on doit expoſer bien moins les opinions diverſes, & une hiſtoire ſuivie, que le réſultat des unes & de l’autre. Paſſer ces limites, ce n’eſt point connoître les avantages d’un Dictionnaire, c’eſt en abuſer, & ſe rendre indigne de la confiance du public. Avouons auſſi qu’en s’y renfermant, aucun Traité méthodique n’eſt ſi propre à former un dépôt des découvertes d’un art. Qu’il nous ſoit permis de comparer un Dictionnaire à un cabinet compoſé de tiroirs, dans leſquels ſont contenues les productions de la nature, d’un certain genre : chaque article eſt un tiroir qui a ſon étiquette, qu’on ouvre ſans nuire aux autres, & qui renferme toutes les richeſſes d’un art, relatives à cette étiquette.

Nous ne nous arrêterons point aux qualités néceſſaires que doit avoir celui qui entreprend de conſtruire un pareil cabinet, parce que nous n’aurions jamais publié cet ouvrage ſi nous devions les réunir. C’eſt à ceux qui nous liront, à nous juger. Nous n’avons à répondre ici que de notre travail : encore devons-nous être très-ſuccints, puiſque nous ſommes forcés de parler de nous.

Rien ne doit donner une idée plus avantageuſe de l’Architecture en général, qu’un Dictionnaire de cet art. Cela annonce un grand nombre de termes ſuſceptibles d’une explication étendue ; & cette abondance ne peut provenir que d’un fonds extrêmement riche. Tel eſt auſſi celui de l’Architecture. On ne parcourt point ſa naiſſance, ſes progrès & ſes révolutions, ſans découvrir un beau pays. Il eſt vrai que cette découverte exige beaucoup de ſoins & de recherches ; mais on en eſt bien dédommagé par l’utilité qu’on en retire. Nous avons nous-mêmes éprouvé cette ſatiſfaction ; & elle nous eſt devenue encore plus précieuſe, dès que nous avons formé le deſſein de conſacrer au public le fruit de nos veilles, par l’Ouvrage que nous publions.

On doit à M. d’Aviler la première idée d’un Dictionnaire d’Architecture. Lorſque cet homme célèbre compoſa ſon Cours, ſi connu & ſi eſtimé, « pour ne pas couper à tous momens ſon diſcours par des explications indiſpenſables des termes d’Architecture, il ſe réſolut d’en faire un volume entier, & il les y rangea par ordre alphabétique, pour les trouver plus facilement. »[1] C’étoit une eſpece de Table de ſon Cours, que M. d’Aviler vouloit faire, & il

  1. Voyez la Vie de M. d’Aviler dans ſon Cours d’Architecture, édition de 1750. pag. xxxvij.