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s’était lié avec le maréchal de Luxembourg, qui l’avait, même, logé chez lui dans son château d’Enghien, près de Montmorency. Dès que d’Alembert eut appris l’emprisonnement de Morellet, il s’empressa d’écrire à Rousseau avec qui, malgré l’article sur Genève et la Lettre sur les Spectacles, il n’avait pas rompu, pour qu’il priât le maréchal de solliciter la liberté de l’abbé. Jean-Jacques s’y employa avec zèle, et, le premier août, d’Alembert lui annonçait l’élargissement du prisonnier et le remerciait de ses démarches.

L’auteur des Philosophes ne devait pas jouir paisiblement du succès de mauvais aloi que sa pièce venait d’obtenir. Malgré ses précautions, il avait irrité un homme qu’il n’était pas facile d’apaiser. Voltaire, en effet, ne s’était pas laissé prendre aux flagorneries de Palissot ; et obéissant à des sentiments qui l’honorent, il n’avait pas voulu séparer sa cause de celle des encyclopédistes persécutés. L’arrêt qui avait frappé l’auteur du livre de l’Esprit ne l’avait pas beaucoup touché, il n’avait remarqué dans l’ouvrage d’Helvétius qu’une « certaine affectation à le mettre à côté de Crébillon » ; mais quand il s’aperçut que la perte des philosophes était résolue, il s’en constitua ouvertement le champion. Dès le 7 février 1759 il écrivait à Thieriot-la-Trompette[1] pensant bien que sa lettre serait lue dans tous les salons de Paris : « Je vous prie de me dire quel est le conseiller ou président, géomètre, métaphysicien,

  1. Surnom que Voltaire donnait à son ancien ami.