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Rouelle, et aussi Bordeu, dont nous aurons à nous occuper avec détail, à propos d’un petit ouvrage de Diderot, le Rêve de d’Alembert.

Peu de temps après la suppression de l’Encyclopédie, Diderot fit une perte des plus sensibles : son père mourut au mois de juillet 1759. Quoique le Philosophe eût des idées très-erronées sur le mariage, il avait au plus haut degré le sentiment de la famille : il adorait sa fille Angélique, et il avait pour son père l’affection la plus tendre, affection dont nous savons que ce vieillard était bien digne. Grimm, en allant retrouver à Genève madame d’Épinay, au mois de mars 1759, était passé par Langres exprès pour le voir. « Je m’applaudirai toute ma vie, a-t-il dit dans sa Correspondance, d’avoir connu cet homme respectable. Il laissa trois enfants, Denis, l’aîné ; une fille d’un cœur excellent et d’une fermeté peu commune qui, dès l’instant de la mort de sa mère, se consacra entièrement au service de son père et de sa maison, et refusa pour cette raison de se marier ; un fils cadet qui a pris le parti de l’église : il est chanoine de l’église cathédrale de Langres, et un des grands saints de son diocèse. C’est un homme d’un esprit bizarre, d’une dévotion outrée et à qui je crois peu d’idées et de sentiments justes. Le père aimait son fils aîné d’inclination, sa fille de reconnaissance et de tendresse, et son fils cadet de réflexion, par respect pour l’état qu’il avait embrassé. »

Quelques jours après avoir reçu la nouvelle de la mort de son père, Diderot se mit en route pour