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bien qu’il indiquât un bon naturel, causait souvent de l’impatience à ses amis : c’était l’envie de se mêler de leurs affaires, d’être leur confidente, leur conseil et leur guide ; dans une lettre à mademoiselle Voland, Diderot se plaint vivement de la manie de cette dame : « Je reçus jeudi la visite de madame Geoffrin, qui me traita comme une bête, et qui conseilla à ma femme d’en faire autant. La première fois, elle vint pour gâter ma fille ; cette fois, elle serait venue pour gâter ma femme et lui apprendre à dire des gros mots et à mépriser son mari. »

Vers l’année 1764, un autre salon s’ouvrit aux philosophes, celui de mademoiselle de Lespinasse[1]. Sans être belle, cette femme, célèbre par l’attachement inaltérable que lui avait voué l’illustre d’Alembert, possédait toutes les grâces de l’esprit. « C’était, dit Marmontel dans ses Mémoires, la tête la plus vive, l’âme la plus ardente, l’imagination la plus inflammable qui ait existé depuis Sapho. »

    d’Alinville et le baron. Je remarque toujours le goût noble et simple dont cette femme s’habille. Elle avait ce jour-là une étoffe simple, d’une couleur austère, des manches larges, le linge le plus uni et le plus fin, et puis la netteté la plus recherchée de tout côté… » M. Charles de Mouy vient de publier la Correspondance inédite de madame Geoffrin et de Stanislas-Auguste Poniatowski, roi de Pologne.

  1. Julie-Jeanne-Éléonore de Lespinasse, née à Lyon en 1732, était l’enfant naturelle de madame d’Albon ; mais elle fut enregistrée sous le nom d’un bourgeois de Lyon. En 1752, madame du Deffand, ayant fait un voyage en Bourgogne, rencontra mademoiselle de Lespinasse et l’emmena avec elle, à Paris, comme demoiselle de compagnie.