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teurs de Genève n’ont d’autre religion qu’un socinianisme parfait. »

Dans une dernière visite que Diderot avait faite à l’Ermitage, il avait parlé à Rousseau de cet article de d’Alembert. Avant d’exprimer son sentiment, Jean-Jacques attendit le septième volume de l’Encyclopédie, où il était inséré. Quand il parut, Rousseau avait quitté l’Ermitage et était établi à Montmorency. C’est là qu’il lança sa Lettre sur les Spectacles, qui mit le feu aux poudres.

La Lettre sur les Spectacles, éloquente comme tout ce qui sortait de la plume de son auteur, dévoilait en outre des qualités d’écrivain qui manquaient à ses premiers ouvrages : son style était plus souple et plus facile, il avait acquis plus d’aisance et de liberté, on n’y trouvait ni polémique, ni déclamation ; mais, comme les précédents, il contenait maints sophismes, et, en définitive, il ne démontrait rien. D’ailleurs, pour donner lieu à une discussion utile, la question était mal posée. De même que celle par laquelle Rousseau avait débuté dans la carrière des lettres, au sujet de l’influence des arts et des sciences, elle était trop vague et trop générale. Au lieu de rechercher si le théâtre était nuisible par lui-même, il valait mieux se demander s’il y avait de bonnes pièces au point de vue de la morale. Ainsi posée, la question était facile à résoudre ; personne ne doute, et Rousseau, malgré tout son talent littéraire, n’aurait osé soutenir que le triomphe de la vertu sur les passions, des sentiments généreux sur l’intérêt personnel, que nous repré-