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chevalier[1], et Grimm, qui n’était pas moins adroit que Duclos, lui porta à son retour un coup décisif, en disant à madame d’Épinay qu’il s’était vanté à Diderot d’avoir eu ses bonnes grâces.

Quand Rousseau, qui venait de passer quatre mois à Genève avec Thérèse, apprit, à son retour, au mois d’octobre 1754, la mort de madame d’Holbach, il écrivit au baron, quoiqu’il se fût éloigné de lui depuis quelque temps.

Il serait difficile d’assigner les motifs qui avaient amené entre le baron et Jean-Jacques ce refroidissement. Tous ceux qu’on a allégués n’ont aucune vraisemblance. Une anecdote, qu’on trouve dans la Correspondance littéraire, attribue l’éloignement de Rousseau à une scène plaisante où Diderot, d’Holbach, Saint-Lambert, Marmontel et l’abbé Raynal ont joué un rôle, et dont le bon curé de Montchauvet fut le héros ou plutôt la victime ; mais cette facétie date de l’année 1755[2] ; et à cette époque, Rousseau

  1. Il faut remarquer que Grimm s’était battu pour elle ; et cette conduite chevaleresque, comme bien on pense, ne lui avait pas nui.
  2. Nous la reproduisons ici telle qu’elle se trouve dans la Correspondance de Grimm : le curé lit une tragédie de sa façon intitulée : David et Bethsabée.

    « La lecture était commencée ; tout le monde rangé en cercle, écoutait attentivement. M. de la Condamine, entre autres, avait tiré le coton de ses oreilles pour entendre comme les autres, mais sa patience était à bout dès la première scène. Dans la seconde, David paraît, et se plaint de ce que l’amour le tourmente jour et nuit, et l’empêche de dormir. Il a cependant de quoi s’occuper ; il a de nouveaux ennemis dit-il :
    Quatre rois, vive Dieu, ci-devant mes amis.
    Vive Dieu ! s’écria la Condamine, pourquoi pas, ventre Dieu !