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jurandes. La seconde partie consistait dans la création des municipalités, la séparation de l’Église et de l’État, et la suppression des fondations[1].

Mais on ne touche pas impunément à tant de choses. Chacune de ces améliorations excitait un murmure, chacun de ces projets rencontrait un obstacle.

« Les courtisans, dit Condorcet[2], sentaient trop bien qu’ils n’avaient rien à espérer de M. Turgot ; ils prévoyaient que s’il avait un jour le crédit de porter l’économie dans les dépenses de la Cour, il attaquerait la racine du mal, et ne se contenterait pas d’en élaguer les branches les plus faibles, que d’autres auraient bientôt remplacées. Ils prévoyaient la destruction de ces charges, de ces places qui, inutiles à l’ordre public et cependant payées par le peuple, sont de véritables vexations…

» Les financiers savaient que sous un ministre éclairé, occupé seulement de simplifier et de réformer la perception de l’impôt, les sources de leur excessive opulence allaient bientôt tarir[3].

» Tout ce peuple d’hommes de tout état, de tout rang, qui a pris la funeste habitude de subsister aux dépens de la nation, sans la servir, qui vit d’une foule d’abus particuliers et les regarde comme

  1. Pour les réformes projetées ou exécutées par Turgot, voir le remarquable travail inséré dans la Politique positive, et extrait du Cours de sociologie de M. Laffitte.
  2. Vie de M. Turgot.
  3. Pourquoi donc innover, disait naïvement un fermier général en 1775 ; est-ce que nous ne sommes pas bien ?