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plus dangereux et le plus acharné. Est-il besoin de nommer Jean-Jacques Rousseau ?

Nous avons vu qu’après avoir quitté l’Angleterre, Rousseau avait trouvé un asile au château de Trie, chez le prince de Conti. Deux mois après, sans donner aucune explication sur les motifs qui faisaient de cette résidence un séjour maussade, il pria madame de Luxembourg d’obtenir du prince la permission de quitter, sans encourir sa disgrâce, l’asile qu’il lui avait offert et de savoir s’il pouvait s’établir avec sécurité dans quelque endroit du royaume. Au mois de juin 1768, il quitta en effet cette habitation, se rendit à Lyon, puis à Grenoble, ensuite à Chambéry et enfin près de Bourgoin, en Dauphiné, où nous le trouvons installé à une demi-lieue de la ville, en février 1769. Mais il ne voulait pas donner un démenti à ceux qui l’appelaient le voyageur perpétuel. Après un séjour d’une année à Bourgoin, il revint à Paris.

Rousseau ne s’en cache pas, ce qui l’attirait dans la capitale, c’était le désir de donner à ses Confessions toute la publicité qu’elles pouvaient acquérir sans avoir recours à l’impression ; il se proposait à cet effet, d’en communiquer le manuscrit et d’en faire des lectures. « L’honneur et le devoir crient ; je n’entends plus que leurs voix. » Pour le sensible Jean-Jacques, l’honneur et le devoir consistaient à calomnier ses anciens amis, à outrager ses bienfaiteurs. À l’en croire, au milieu de la société où il a vécu, il ne se serait pas trouvé un seul honnête homme, que dis-je, partout il n’aurait rencontré que