Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.

On voit, par cet extrait, que le Philosophe ne marchandait pas les éloges à l’éminent économiste.

Malgré cette lettre d’introduction, Falconet n’accueillit pas, comme il le devait, celui qui la lui portait. Il faut dire que Mercier de la Rivière avait fâché Catherine II. Au lieu d’arriver en Russie dans le délai convenu, il s’était attardé en route ; et, lorsqu’il se présenta devant l’Impératrice, elle le reçut avec froideur. Falconet, favori de Catherine, se garda bien d’employer son crédit pour le faire rentrer en grâce, et l’économiste dut prendre congé. Plus tard, en 1773, quand Diderot sera en Russie, nous verrons que le sculpteur ne recevra pas mieux son ami. Évidemment, cet homme pouvait être un habile artiste, mais il n’avait pas une nature élevée.

Au mois de juillet de 1770, Diderot, dont la santé était altérée, passa par sa ville natale avec Grimm pour se rendre à Bourbonne-les-Bains. « Mon dessein, dit-il[1], en passant à Langres, était de ne voir personne ; malgré que j’en eusse, il a fallu voir tout le monde. J’ai passé les premiers jours dans ma famille et celle de mon gendre futur. Je disais, en arrivant, à Grimm : « Je crois que ma sœur sera bien caduque, » jugez de ma surprise, lorsqu’elle s’est élancée vers notre voiture, avec une légèreté de biche, et qu’elle m’a présenté à baiser un visage de Bernardin. Toute la ville était en attente sur l’entrevue des deux

  1. Lettre à mademoiselle Voland, du 15 juillet 1770.