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Dès le début, l’auteur commence son attaque contre les économistes par la bouche du marquis de Roquemaure, l’un de ses interlocuteurs.

« J’ai lu, dit le marquis, tout ce qui a paru sur cette matière ; il m’a paru quelquefois qu’on me persuadait ; d’autres fois, je n’ai pas bien compris ce que les auteurs voulaient dire, et j’ai cru que c’était ma faute. Ce n’est pas que je ne me sois aperçu, de temps en temps, d’une espèce de charlatanerie qui m’a donné de l’ombrage ; entre autres, dans un certain ouvrage où l’on affectait un style populaire et bas. Pour prouver que l’on était profond dans la matière, on y parlait un jargon tout à fait boulanger. L’auteur se faisait un scrupule d’écrire autrement qu’en italique, non-seulement les mots sacramentaux, mais les termes les plus usités : pain blanc, pain bis, pain de ménage, prix chers, petit-peuple, bonne récolte, mouture, approvisionnements, achats, etc. Tout était en lettres italiques comme si ces mots venaient des Indes, et qu’on en fît pour la première fois l’importation en France. Cette bigarrure ridicule me déplut ; je n’achevai pas le livre ; je vis que l’auteur voulait m’en imposer par sa profonde érudition en boulangerie, tandis que je savais, moi, qu’il n’avait jamais acheté une livre de pain dans sa vie. »

Ensuite, le marquis faisait ressortir un autre travers des économistes : « En vérité, disait-il, tous ces auteurs modernes traitent nos ancêtres bien durement. À les en croire, on dirait qu’ils marchaient à quatre pattes. On répète à chaque ligne