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mait. Dessinateur, peintre, sculpteur avant que d’être philosophe, il avait aidé quelquefois Diderot pour l’appréciation des tableaux exposés au Salon. Pas plus que les beaux-arts et la philosophie, les sciences ne lui étaient étrangères. Non content d’aider le baron dans la composition de ses ouvrages, il ne craignait pas de s’exposer à des dangers très-sérieux en les faisant passer en Hollande, où ils étaient imprimés. L’activité, le dévouement qu’il montrait, comblaient en partie le vide que la mort de Damilaville avait laissé dans les rangs des philosophes. Seulement, un côté par lequel la perte de Damilaville était irréparable, c’est que personne ne pouvait reprendre la tache qu’il a accomplie jusqu’à ses derniers moments de rattacher au centre d’action, Paris, le poète des Délices devenu le patriarche de Ferney. Damilaville, quand il mourut le 13 décembre 1768, était atteint depuis bien des années de la maladie qui l’emporta. Au mois de juillet 1765, il alla consulter Tronchin, à Genève, et c’est pendant son séjour en Suisse, qui dura près de trois mois, qu’il vit pour la première fois Voltaire, avec lequel il était en correspondance depuis cinq ans sans le connaître. Il revint à Paris un peu mieux qu’il n’était parti, mais non guéri ; d’ailleurs, Tronchin lui avait ordonné un régime auquel il ne pouvait s’astreindre. En septembre 1768, Diderot qui ne l’a pas abandonné pendant toute la dernière période de la maladie, écrivait à Sophie : « Damilaville est plus faible que jamais ; la fièvre est continue, les