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dérable, et son goût pour les livres[1] témoigne qu’elle devait être précieuse.

Toutefois, la vente en eût été bien difficile et Diderot y avait peut-être renoncé, lorsqu’il trouva un acquéreur sur lequel il était loin de compter.

L’impératrice de Russie, Catherine II, ayant appris par le général Betzky[2] que le Philosophe était dans l’obligation de se défaire de sa bibliothèque, la fit acheter pour vingt mille francs, sans en avoir vu le catalogue, et fit mettre dans le marché la clause que le possesseur garderait ses livres jusqu’à ce qu’il plût à sa Majesté impériale de les faire demander. Catherine, de plus, attachait à la conservation de cette bibliothèque une pension annuelle dont la première année devait être payée d’avance et ajoutée au capital.

En 1766, comme cette pension n’avait pas encore été payée, le général Betzky eut ordre de joindre à une de ses lettres le post-scriptum suivant :

« Sa Majesté Impériale, ayant été informée par une lettre que j’ai reçue du prince Galitzin que M. Diderot n’était pas payé de sa pension depuis le mois de mars dernier, m’a ordonné de lui dire qu’elle ne voulait point que les négligences d’un

  1. Il ne se refusait pas un livre. Il avait des fantaisies d’estampes, de pierres gravées, de miniatures ; il donnait ces chiffons le lendemain du jour où il les avait achetés ; mais il fallait de l’argent pour les payer. (Mémoires de madame de Vandeul.)
  2. Ministre des arts en Russie. Il le tenait de Grimm par le prince Galitzin, ambassadeur à Paris.