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ceux-ci très-nombreux, et les autres assez rares, ont fait éclater leur joie, sans faire attention que, ne tenant leurs existences que du combat contre leurs ennemis, ils vont tomber dans l’oubli. Le peuple proprement dit n’a pris aucun intérêt à cet événement.

» D’autre part, presque tout le corps épiscopal a pris parti pour les Jésuites, peut-être dans la crainte du retour, car il a souvent fléchi sous eux ; peut-être aussi par humeur contre le gouvernement qu’il soupçonne de vouloir aller plus loin.

» Les ordres réguliers ont sans doute été charmés de l’expulsion des Jésuites, mais ils ont eu la décence de renfermer leur joie, qui, d’ailleurs, est tempérée par la crainte qu’ils ont pour eux-mêmes. »

Duclos et Voltaire étaient depuis quelque temps en correspondance suivie. Le terrible enfant des Délices[1], autant pour faire pièce aux adversaires des encyclopédistes que par sympathie pour le Philosophe, avait résolu, en 1760, peu de temps après l’arrêt contre l’Encyclopédie, de le faire recevoir de l’Académie, et il écrivait, à cet effet, lettre sur lettre à son Président, Duclos. Mais celui-ci connaissait toutes les difficultés que présentait la réalisation de ce projet. Madame de Pompadour ne lui avait pas laissé ignorer de quel genre étaient les obstacles à surmonter ; aussi témoignait-il à Voltaire ses doutes sur la réussite. Les craintes du Président

  1. Expression de Diderot.