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temps. C’est madame d’Holbach qui a parlé la première et elle a dit à madame d’Aine :

« Maman, que ne faites-vous une partie ? — Non j’aime mieux me reposer et bavarder. — Comme vous voudrez, reposons-nous et bavardons.

» Eh bien ! philosophes où en êtes-vous de votre besogne[1] ? — J’en suis aux Arabes et aux Sarrazins. — À Mahomet, le meilleur ami des femmes ? — Oui, et le plus grand ennemi de la raison. — Voilà une impertinente remarque. — Madame, ce n’est pas une remarque, c’est un fait. — Autre sottise ; ces messieurs sont montés sur le ton galant.

» Ces peuples n’ont connu l’écriture que peu de temps avant l’hégire. — L’hégire ! quel animal est-ce là ? — Madame, c’est la grande époque des musulmans. — Me voilà bien avancée ; je n’entends pas plus son époque que son hégire : ils ont la rage de parler grec… »

Une autre anecdote, dans laquelle on voit apparaître un personnage dont nous aurons bientôt à nous occuper avec détails, Georges le Roy, fera mieux connaître la physionomie d’une réunion au Grand-Val et le caractère enjoué de la belle-mère du baron.

« Un soir, nous étions tous retirés, écrit Diderot à son amie[2]. On avait beaucoup parlé de l’incendie de M. de Bacqueville, et voilà madame d’Aine qui se ressouvient, dans son lit, qu’elle a laissé dans sa

  1. Diderot dictait là un morceau qu’on lit dans l’Encyclopédie à l’article Sarrazins.
  2. Lettre du 20 octobre 1760.