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philosophie, de morale ou de science. Toutefois, il ne faudrait pas croire que la gaieté fût bannie du Grand-Val : quoique tous les membres de la société qui s’y rencontrait fussent profondément convaincus de la gravité et de l’utilité du but en vue duquel ils s’étaient réunis, leur conversation avait, là bien plus qu’ailleurs, cette liberté d’allure qui rendait les salons du dix-huitième siècle si attrayants, parce qu’elle n’excluait pas la distinction des manières ; et lorsque l’abbé Galiani et Georges le Roy se trouvaient parmi les hôtes du Grand-Val, la physionomie du salon devenait tout à fait piquante et presque comique. La baronne d’Holbach en était le principal ornement. Voici le portrait que Diderot en faisait dans une lettre à Sophie : « Madame d’Holbach était à son métier, je me suis approché d’elle. Oh ! qu’elle est belle ! le beau teint ! la belle santé ! et puis quel vêtement ! c’est une coiffure en cheveux avec une espèce d’habit de marmotte d’un taffetas rouge couvert partout d’une gaze, à travers la blancheur de laquelle on voit percer çà et là la couleur de la rose. »

En considérant la légèreté des mœurs au dix-huitième siècle on remarquera, non sans surprise, qu’avec de la beauté, de la grâce et toutes les qualités du caractère, en un mot avec tout ce qu’il faut pour plaire, les deux femmes du baron n’ont jamais donné la moindre prise à la critique. De toutes les femmes jeunes et belles que nous avons eu occasion de citer, ce sont de rares exemples de fidélité conjugale. Madame d’Holbach avait