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Une division plus rationnelle et moins compliquée consisterait, ainsi que nous l’avons déjà indiqué, à considérer l’art dramatique comme destiné à représenter les divers événements de la vie privée et de la vie publique, ce qui constituerait deux genres différents ; et même ces deux genres se confondraient, si chaque individu se regardait dans sa famille aussi bien que dans l’exercice de ses occupations publiques comme remplissant au même titre des fonctions sociales.

Quoique Voltaire ne trouvât pas le Père de famille « plaisant », il approuvait cependant les vues de l’auteur sur le théâtre. Dans la préface de l’Écossaise, qui parut l’année même de la première représentation des Philosophes, il s’exprimait ainsi : « L’un des deux illustres savants, et pour nous expliquer encore plus correctement, l’un de ces deux hommes de génie, qui ont présidé au dictionnaire encyclopédique, à cet ouvrage nécessaire au genre humain, dont la suspension fait gémir l’Europe, l’un de ces

    voilà la chambre, voilà les actions et les propos des honnêtes gens, voilà la comédie. J’étais assis à côté de Cochin et je lui disais : il faut que je sois un honnête homme, car je sens vivement tout le mérite de l’ouvrage. Je m’en récrie de la manière la plus forte et la plus vraie, et il n’y a personne au monde à qui elle dût faire plus de mal qu’à moi, car cet homme me coupe l’herbe sous les pieds..... » Grimm faisait aussi très-grand cas du talent de Sédaine. Dans les jugements que Diderot et Grimm portent sur l’auteur du Philosophe sans le savoir et de la Gageure imprévue, on sent l’influence qu’ont dû exercer les pièces de Shakespeare sur leur manière d’envisager l’art dramatique. Grimm a été le premier en France à apprécier dignement le génie incomparable du poète anglais.