Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/171

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viens-tu de la part d’Auberon ?

— Oui, répondit l’autre, et je sais bien qui tu es. Ne crains rien : je ne te ferai que du bien. Je m’appelle Malabron, et j’appartiens à Auberon, le roi de Féerie. Pour une faute que j’ai commise, il m’a condamné à être trente ans luiton de mer. Je te porterai sur mon dos de l’autre côté de la mer Rouge. Apprête-toi : je vais rentrer dans ma peau, et tu monteras sur ma croupe. Signe-toi, et que Dieu nous conduise !

Malabron rentra dans sa peau, Huon monta sur sa croupe, et en moins de temps qu’un jeune homme agile ne ferait une demi-lieue, ils avaient traversé la mer.

Malabron posa Huon sur le rivage.

— Adieu ! lui dit-il. Quand je te reverrai, tu auras passé par de rudes épreuves ; moi-même j’aurai beaucoup à souffrir pour toi. Voici la ville où tu dois aller : va, et rappelle-toi ce qui t’a été enjoint. Veille bien sur ton cœur et garde ta loyauté, car tu n’auras pas plutôt dit un men-