Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/167

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mais avant qu’il eût pu le retirer, Huon de deux coups d’épée lui avait tranché les poignets, si bien que les deux poings restèrent attachés à la faux. Quand le géant se sentit atteint, il poussa un cri terrible et s’enfuit pour sauver sa vie ; mais Sibylle avait entendu le cri : elle saisit un grand levier, s’élança, et le jeta entre les jambes d’Orgueilleux, qui tomba à la renverse. Huon monta sur sa panse et tenta à coups redoublés de lui trancher la tête ; il n’y réussit qu’au quinzième coup.

Huon essuya sa bonne épée et la remit dans le fourreau ; il voulut prendre la tête du colosse pour la mettre sur le pommeau doré de la tour, mais il ne put seulement la soulever.

— Dieu ! dit-il, je voudrais qu’il fût à Paris et que Charlemagne le vît !

Par une fenêtre du grand palais, il vit ses hommes, qui, n’ayant pu l’attendre patiemment, s’étaient rapprochés.

— Arrivez ! leur cria-t-il ; le palais est