Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/161

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veux pouvoir me vanter d’avoir tué celui qui m’a permis de m’armer pour le combattre. Celui-là n’était sûrement pas de mauvaise race.

— Attends un peu, dit Huon : je suis encore, Dieu merci, bien portant. Mais si tu me tues, tu pourras te vanter d’avoir mis à mort un pauvre malheureux que le roi Charles de France a dépouillé de son héritage. Je vais de l’autre côté de la mer Rouge porter de sa part un message à l’amiral Gaudise. Je suis né à Bordeaux, mon père était le duc Seguin, et je m’appelle Huon. Je t’ai dit toute la vérité. À ton tour, je t’adjure de me dire de quel pays et de quelle parenté tu es. Mes hommes sont là-bas qui m’attendent : qui pourrai-je, quand je les reverrai, me vanter d’avoir tué ?

— Enfant, si tu me tues, tu pourras te vanter d’avoir vaincu Orgueilleux, grand géant de la mer Rouge. J’ai quinze frères, et je suis plus jeune qu’eux tous.