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Aujourd’huy haussant son estat
C’est la femme d’un advocat,
Et demain plus rogue et plus fiere
Ce sera une doüairiere,
Veuve de quelque president
Et puis après, retrogradant
De doüairiere en advocate,
Puis en marchande delicatte,
En fin sortant de ce bordeau,
C’estoit une porteuse d’eau
Ou quelque fruictiere maussade
Et revendresse de sallade.

Quel Prothée ! Quel Gerion !
Quel inconstant cameleon !
Quel polipe ! Quelle chimere !
Quel sphinx ! Quel hydre ! Quel cerbere !
Et quels merveilleux changements !

Tout ce que les vieux monuments
De l’antiquité aveuglée
Nous racontent d’une Medée,
Qui rajeunissoit les vieillards
Par l’effort des magiques arts,
Ny de ces Thessalles sorcieres
Qui par murmurantes prieres
Villains cris et remaschemens
Changeoient les hommes en jumens,
Puis ayant fait porter leurs sommes,
Les changeoient derechef en hommes ;
Ny toutes ces mutations
Dont les plaisantes fictions
D’Ovide, flattent nos oreilles,
Ne sont rien près de ces merveilles.