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En attendant, nous pouvons dire, sans crainte d’être démenti par Guillaume Colletet, que Jean Auvray s’occupa de théâtre, de poésie satyrique et licencieuse, dans sa jeunesse, avec beaucoup de verve, de talent et de libertinage, mais qu’il ne publia lui-même qu’un seul de ces ouvrages de littérature profane, sa tragédie de l’Innocence découverte (in-12, sans titre, privilége du 20 janvier 1609). Il avait fait une foule de pièces folâtres ou gaillardes qui couraient le monde et qu’il ne prit pas la peine de recueillir en volume. D’ailleurs, en 1611, il s’était amendé et converti, comme il nous l’apprend lui-même dans les stauces de l’Amant pénitent, qui font partie du Thrésor sacré de la Muse saincte (Amiens, impr. de Jacq Hubault, 1611, in-8°) :

Lorsque j’estois mondain, je croyois que les femmes
Fussent pour les humains de plaisans paradis ;
Mais j’ai depuis cogneu que les femmes infâmes
Sont les premiers enfers où nous sommes maudits.

Après cette conversion très-sincère, Jean Auvray ne composa ou plutôt n’avoua que des poésies d’un genre sérieux, empreintes d’une sorte d’exaltation religieuse ; telles sont les stances présentées au roi durant les troubles de 1615, la Complainte de Latrance, en 1615,etc, qui semblent un peu dépaysées au milieu du Banquet des Muses. Auvray avait été avocat avant de devenir chirurgien ; il avait habité Paris avant de retourner en Normandie et de se fixer à Rouen ; il avait vécu dans la société des poëtes et des comédiens débauchés avant de mener une vie honnête et presque exemplaire, en exerçant la médecine et la chirurgie dans la capitale de la Normandie. Il ne pensait plus à la poésie que pour envoyer au Palinod de Gaen et au Puyde la Conception, de Rouen, des poëmes et des