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Il est vray, du grand Dieu la dextre vengeresse
Trouve bien les tirans au milieu de la presse
De leurs peuples armez : tous ces nombreux scadrons
De soldats aguerris sont trop minces plastrons
Pour parer à ses coups ; voire leur ame immonde
Commence bien souvent son enfer dès le monde.

Ce roy des orgueilleux, ce monstre assirien,
Jadis à son malbeur l’experimenta bien,
Quand, a ventre rampant, brutal il paissoit l’herbe :

Quel Dieu s’égale à moy ! disoit ce chef superbe
En sa prospérité, soit que l’alme Apolon
Astelle ses coursiers sur le gemmeux sablon
De l’Iinde et de l’Euphrate, ou qu’à midy desserre
Ses rayons de droit fil sur les flancs de la terre.
Ou soit que vers le soir sa course finissant,
Il plonge aux eaux d’Athlas son chef d’or jaunissant,
Affin d’illuminer l’autre moitié du monde
Des fecondes clartez de sa perruque blonde !
Bref, je ne pense pas que ce grand œil des cieux,
Roüant tout le pourpris de ce rond spacieux
Et furetant les coings de la terre habitable,
Trouve jamais grandeur à la mienne semblable !
L’univers n’eut jamais de prince ny de roy
Qu’on puisse avec raison parangonner à moy,
Combien de puissans rois, subjuguez par mes armes,
Implorent ma mercy les yeux baignez de larmes,
Et pour mieux adoucir l’aigreur de mon courroux.
Viennent-ils m’adorer et baiser les genoux ?
Quelle province encor ne tremble espouvantée
Au formidable bruit de ma gloire indomptée ?
Quels roys n’ay-je contraints me demander la paix ?
Quels champs n’ont point encor gemy dessous le faix