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et même affectueuse, que, si je n’avais pas su combien elle m’a toujours détestée pour avoir épousé M. Vernon, et que nous ne nous étions jamais rencontrées auparavant, j’aurais imaginé qu’elle m’était une amie très proche. Il est pertinent, je crois, de lier confiance en soit[1] avec coquetterie, et de s’attendre à ce qu’une conduite impudente [2] aille de pair avec un esprit impudent ; a minima, j’étais préparée à trouver chez Lady Susan un aplomb démesuré ; mais son attitude[3] est absolument douce, sa voix et ses manières positivement suaves[4]. Je suis désolée qu’il en soit ainsi, car qu’est ce que cela, si ce n’est de la tromperie ? Malheureusement, on la connaît trop bien. Elle est habile et agréable, a toute la connaissance du monde qui facilite la conversation, et parle très bien avec une maîtrise heureuse de la langue, qui est trop souvent utilisée, je crois, à faire prendre des vessies pour des lanternes. Elle aurait déjà presque failli me convaincre de sa tendre affection pour sa fille, si je n’avait été depuis longtemps convaincue du contraire. Elle parle d’elle avec tant de tendresse et d’anxiété, se lamentant amèrement sur son éducation négligée, qu’elle présente cependant comme entièrement inévitable, que je suis obligée de me rappeler combien de printemps successifs Sa Seigneurie a passé en ville, tandis que sa fille était laissée dans le Staffordshire aux soins des domestiques, ou d’une gouvernante tout au mieux, pour éviter d’accroire à ce qu’elle dit.

  1. applomb
  2. effrontée, insolente
  3. contenance
  4. d’une suavité attirante