Page:Austen - Raison et Sensibilité.djvu/587

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une nouvelle force. Elisa m’aimait aussi ; son attachement pour moi était aussi vif, aussi passionné que celui de votre sœur pour Willoughby ; jugez donc si je l’excuse, si je le comprends. Vous, sage Elinor, vous qui savez placer vos sentimens, sous l’égide de la raison, vous ne devez pas comprendre le moment où l’on n’entend plus sa voix, où celle de l’amour est seule écoutée ; (ici des larmes remplirent les yeux d’Elinor) mais votre sensibilité vous rend indulgente pour les faiblesses du cœur, et j’en abuse peut-être. Un sourire d’Elinor et même ses larmes lui dirent de continuer.

La fortune d’Elisa était considérable ; nous n’y avions jamais pensé. Elle était destinée à mon frère aîné ; nous l’ignorions tous les deux. Il voyageait avec un gou-