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que vous m’aviez donnée avec tant de complaisance. Ah ! cela seul est impardonnable, Willoughby. Est-ce votre cœur, est-ce votre conscience qui vous a dicté cette insolente phrase ? Non, Elinor, rien ne peut l’excuser.

— Non, Maria, je le pense aussi.

— Mais cette femme, cette femme, à qui il va dit-il donner son cœur et sa main, cette heureuse femme ! qui sait avec quel art, quelle séduction, elle l’aura enchaîné. Il l’aimait déjà, dit-il, et depuis long-temps. Ah ! sans doute quand elle a vu qu’il allait lui échapper et combien il m’était attaché, elle aura tout fait pour le retenir, pour me bannir de son cœur ; mais qui peut-elle être ? Jamais je ne l’ai entendu parler d’une seule femme jeune, belle, séduisante : L’est-elle, Elinor ?