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ment en crainte sur notre secret. J’eus une affreuse émotion l’autre jour quand sir Georges nomma Edward ; je crus qu’elle allait tout dire. En vérité, je m’étonne que je vive encore après tout ce que j’ai souffert pour lui pendant ces quatre années ! Toujours en suspens, en crainte, en incertitude. Le voyant si rarement, nous nous rencontrons à peine deux fois l’année ; je ne comprends pas que mon cœur ne se soit pas brisé. Ici elle mit son mouchoir sur ses yeux ; mais Elinor à l’ordinaire si bonne, si compâtissante, ne se sentit pas la moindre pitié.

— Quelque fois, continua Lucy, je pense qu’il vaudrait mieux pour tous deux rompre entièrement ; mais je n’en ai pas le courage. Je ne puis supporter la pensée de le rendre si malheureux et