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— Vingt ans, chère Fanny ! vous plaisantez ; elle ne vivra pas la moitié de ce temps-là ; elle est trop sensible, trop nerveuse.

— J’en conviens ; mais n’avez-vous pas observé que rien ne prolonge la vie comme une rente viagère ! C’est une affaire très-sérieuse que de s’engager à payer une rente annuelle. Vous ne savez pas quel ennui vous allez vous donner, et comme on est malheureux quand le moment de l’échéance arrive. C’est précisément alors qu’on aurait une dépense indispensable à faire pour soi-même, et que cet argent qui se trouve là ferait plaisir, et il faut le donner à d’autres ; c’est vraiment insupportable ! Ma mère devait payer de petites rentes à trois vieux domestiques par le testament de mon père ; j’ai souvent