d’étonnant s’il était un peu gâté par de telles flatteries ?
Telles étaient les pensées d’Anna, tandis que ses doigts couraient machinalement sur le piano. Pendant un moment, elle sentit qu’il la regardait, qu’il observait ses traits altérés, cherchant peut-être à y retrouver ce qui l’avait charmé autrefois. Il demanda quelque chose ; elle entendit qu’on répondait :
« Oh non ! elle ne danse plus ; elle préfère jouer, et elle n’est jamais fatiguée. »
Elle avait quitté le piano ; il prit sa place, essayant de noter un air dont il voulait donner une idée aux misses Musgrove. Elle s’approcha par hasard ; alors il se leva et avec une politesse étudiée :
« Je vous demande pardon, mademoiselle, c’est votre place ; » et malgré le refus d’Anna il se retira.
Elle en avait assez ! Cette froide et cérémonieuse politesse était plus qu’elle n’en pouvait supporter.