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lement il avait appris à lui rendre justice, et qu’à Lyme seulement il avait commencé à se connaître lui-même. L’admiration de M. Elliot pour Anna avait réveillé son affection, et les incidents du Cobb et la suite avaient établi la supériorité d’Anna.

Il avait fait des efforts inutiles pour s’attacher à Louisa, sans se douter qu’une autre femme avait déjà pris possession de son cœur. Il avait appris alors à distinguer la fermeté de principes, de l’entêtement et de l’amour-propre ; un esprit résolu et équilibré, d’un esprit téméraire. Tout contribuait à élever dans son estime la femme qu’il avait perdue ; et il commençait à déplorer l’orgueil et la folie qui l’avaient empêché de la regagner quand elle était sur sa route.

Dès lors sa punition avait commencé. À peine délivré du remords et de l’horreur causés par l’accident de Lyme, il s’était aperçu qu’il n’était plus libre.

« Je découvris, dit-il, que Harville me considérait comme engagé avec Louisa. L’honneur me commandait de l’épouser, puisque j’avais été imprudent. Je n’avais pas le droit d’essayer si je pourrais m’attacher à une de ces jeunes filles, au risque de faire naître des bruits fâcheux. J’avais péché, j’en devais subir les conséquences. Je me décidai à quitter Lyme,