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ce moment elle se sentit toucher l’épaule ; c’était M. Elliot qui la priait de vouloir bien expliquer encore l’italien. Miss Carteret désirait comprendre ce qu’on allait chanter.

Anna ne put refuser, mais jamais elle n’avait fait à la politesse un plus grand sacrifice.

Quand elle se retourna vers le capitaine, il lui dit adieu précipitamment.

« Cette chanson ne mérite-t-elle pas qu’on reste ? dit Anna soudainement poussée à encourager Wenvorth.

— Non, dit-il d’un ton singulier. Rien ici n’est digne de me retenir. » Et il partit.

Il était donc jaloux de M. Elliot. C’était là le seul motif plausible. Aurait-elle pu le croire trois heures auparavant ! Ce fut un moment de joie exquise. Mais, hélas ! combien différentes furent les pensées qui suivirent ! Comment apaiser cette jalousie ? Comment pourrait-il jamais connaître les vrais sentiments d’Anna ?

Les attentions de M. Elliot la firent souffrir horriblement, ce soir-là.