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était en elle-même. Ses yeux brillaient, ses joues brûlaient, mais elle n’en savait rien. Elle ne pensait qu’à cette dernière demi-heure. Les expressions du capitaine, le sujet qu’il avait choisi, et plus encore son air et son regard, ne pouvaient laisser à Anna aucun doute. Son étonnement touchant Benwick, ses idées sur une première affection, les phrases qu’il n’avait pu finir, ses yeux qui se détournaient : tout disait à Anna que ce cœur lui revenait enfin ; que la colère et le ressentiment n’existaient plus, et qu’ils étaient remplacés par l’ancienne tendresse. Oui, il l’aimait ; ces pensées et les images qu’elles suggéraient l’absorbaient entièrement.

Quand chacun fut assis à sa place, elle chercha des yeux Wenvorth, mais elle ne le vit pas, et le concert commença. M. Elliot s’était arrangé de façon à être placé près d’Anna. Miss Elliot, assise entre ses deux cousines et l’objet des attentions du colonel Wallis, était très satisfaite. Anna était dans une disposition d’esprit à jouir de la musique ; pendant l’entr’acte elle expliquait à M. Elliot les paroles d’une chanson italienne. « Voici à peu près le sens, dit-elle, car une chanson d’amour ne se peut guère traduire, et je ne suis pas très savante.

— Oui, je vois que vous ne savez rien, vous vous bor-