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ET PRÉVENTION

Bingley : ce secret, elle devait le garder pour elle seule ; elle sentait que rien de moins qu’une parfaite intelligence entre les deux parties intéressées ne lui pourrait permettre de le divulguer, et alors, se disait-elle, « je ne pourrais dire que ce que Bingley saura expliquer lui-même d’une manière bien plus agréable ».

Maintenant, souvent seule avec sa sœur, rien ne l’empêchait d’étudier ses sentimens. Hélen n’était point heureuse, elle conservait encore pour Bingley l’attachement le plus tendre ; et n’ayant jamais eu jusqu’à ce moment même la moindre fantaisie, son attachement pour lui avait toute la vivacité d’une première inclination ; et par l’âge, et le caractère d’Hélen, cet attachement était plus solide que ne le sont d’ordinaire les premières affections de ce genre ; elle chérissait si tendrement son souvenir, et sa préférence pour lui était si décidée, que toute sa raison et son amour filial pouvaient à peine l’empêcher de l’abandonner à des regrets, qui, en altérant sa santé,