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qu’elle répondoit aux questions qu’il lui adressoit sur la santé de ses parens. Elle étoit singulièrement frappée du changement de son ton, depuis leur dernière conversation. L’idée d’avoir blessé les convenances, en se trouvant ainsi chez lui en son absence, ajoutoit à son embarras. Lui-même n’étoit pas plus à son aise ; et il répéta deux ou trois fois les mêmes questions, d’une voix altérée, sans bien savoir ce qu’il disoit. Enfin après être resté un instant en silence, il la salua et se retira.

Mr. et Mad. Gardiner s’approchèrent alors, firent l’éloge de la figure de Mr. Darcy ; mais Elisabeth ne les entendit point. Le dépit et la honte lui ôtoient toute présence d’esprit. Elle se reprochoit la faute qu’elle avoit faite de venir à Pemberley. Qu’alloit-il dire de cet empressement à se trouver sur son chemin, lui qui étoit rempli de vanité ? Ah pourquoi étoit-elle venue ! Pourquoi étoit-il arrivé un jour plus tôt qu’on ne l’attendoit. Quelle fatalité avoit retardé leur départ de quelques minutes ! Elle ne pouvoit pas s’en consoler. Après cela, que signifioit son changement de ton ? N’étoit-il pas étrange qu’il lui eût même adressé la parole ? Mais la politesse qu’il avoit montrée l’étonnoit bien plus encore. Il s’étoit informé de toute sa